La noyade

Qu’appelle-t-on une noyade ?

Une noyade est un accident de type asphyxique provoqué par l’inondation des voies respiratoires suite à une immersion ou à une submersion (eau de mer, eau douce, neige poudreuse…)

Elle provoque un œdème aigu du poumon (inondation des alvéoles entraînant un lavage du surfactant et, à terme, la suppression des échanges gazeux)

La conséquence finale est l’anoxie cérébrale, c’est-à-dire le manque d’oxygène pour le cerveau (qui consomme pourtant habituellement 20% de l’oxygène disponible dans le corps) et les troubles de la circulation sanguine

Mais toutes les noyades n’aboutissent pas à une telle conséquence. Heureusement. 

Les 4 stades cliniques de la gravité d’une noyade

1. Aquastress

Que se passe-t-il ? La victime se débat, elle fait le « bouchon » et boit une tasse »

Quelles sont les conséquences ? Cette noyade entraîne des frissons, un épuisement, de l’angoisse mais il n’y a pas d’inhalation d’eau

Que faut-il faire ? Rassurer, réchauffer la victime. Demander un avis médical car peuvent persister des séquelles psychologiques

2. Petit hypoxique

Que se passe-t-il ? La victime boit une bonne « tasse ». Il y a une petite inhalation d’eau

Quelles sont les conséquences ? Toujours consciente mais très angoissée, fatiguée, la victime respire rapidement et sans efficacité. Elle présente de légères cyanoses. Elle est gênée pour respirer et tousse. Le pouls est toujours présent mais parfois rapide

Que faut-il faire ? Mettre sous oxygène, hospitaliser car il y a risque de problèmes pulmonaires secondaires

3. Grand hypoxique

Que se passe-t-il ?

Quelles sont les conséquences ? Epuisée, la victime présente des troubles de la conscience (somnolence avec agitation qui peuvent aller jusqu’au Coma). Les poumons sont inondés, encombrés, la respiration est bruyante. Le pouls radial est mal perçu (filant) mais le pouls central est présent. Les cyanoses sont largement perceptibles.

Que faut-il faire ? Intubation, ventilation artificielle, sédation et réanimation sont nécessaires

4. Anoxique

Que se passe-t-il ? C’est une immersion prolongée

Quelles sont les conséquences ? Les poumons sont « pleins ». La victime, comateuse, est en arrêt cardio ventilatoire

Que faut-il faire ? Vider les poumons et réanimation cardiopulmonaire

Quelles sont les chances de survie ?

Elles diminuent bien sûr avec la durée de la submersion

Elles diminuent aussi avec la baisse de la température de l’eau, avec les risques associés au tabagisme, à l’âge, à la nature de l’eau (comme la pollution, eau de mer) et autres complications. L’eau de mer, dont la concentration en sel est supérieure à celle de l’eau douce et à celle du sang, entraîne une hémoconcentration (c’est-à-dire la diminution de la masse sanguine), une obstruction des alvéoles pulmonaires, l’encombrement des poumons et une diminution de l’efficacité du cœur. On meurt plus vite à la suite d’une noyade en eau de mer qu’en eau douce

Les chances de survies sont bien sûr fonction de la rapidité d’action des premiers secours

Enquête sur les noyades [1]

Les noyades accidentelles entraînent environ 500 décès par an en France, ce qui représente en moyenne 4 décès par jour si l’on considère seulement les 4 mois d’été

Ceux qui sont le plus touchés, sont les enfants de moins de 6 ans (17%) et les hommes de plus de 45ans (51%). D’une façon générale, les hommes représentent 2/3 des victimes

Les noyades en piscines privées représentent 13% des accidents annuels contre 4% pour les piscines surveillées. Les malaises cardiaques et le manque de surveillance sont les principaux éléments explicatifs de ces chiffres

Bien sûr, les régions touristiques et côtières sont les plus touchées par les noyades. D’ailleurs, en mer, plus de la moitié des noyades ont lieux dans une zone inférieure à 300m de la plage, mais bien souvent, dans les zones non surveillées

Mieux comprendre la noyade : pourquoi se noie-t-on ?

La noyade asphyxique aussi appelée primitive ou vraie

La victime ne peut pas se maintenir hors de l’eau et la perte de conscience survient après l’inondation des voies respiratoires. Le noyé a le teint bleu

Elle est associée au non nageur, à l’impossibilité de remonter, à un épuisement, une hypothermie ou encore survenant dans le cadre d’une plongée en bouteille

La victime commence par boire la tasse. C’est-à-dire que de l’eau pénètre en faible quantité dans les voies respiratoires. La tasse provoque une toux violente pour évacuer l’eau. Puis, un spasme au niveau du larynx et une apnée réflexe pouvant durer jusqu’à 2 minutes permettent de protéger la victime. Si le spasme persiste (dans 15% des cas) alors il n’y a pas d’inondation des voies respiratoires, on parle d’un noyé poumons secs. L’arrêt cardiorespiratoire est dû à l’impossibilité de respirer. Mais si le spasme ne persiste pas, l’envie de respirer associée à l’hypercapnie entraîne le mouvement de déglutition de l’eau. Et la reprise de la respiration dans l’eau se fait en inondant les voies respiratoires. C’est l’asphyxie avec arrêt ventilatoire puis arrêt cardiaque

 

La noyade syncopale aussi appelée secondaire ou hydrocution

La victime perd connaissance avant l’inondation des voies respiratoires

Cette noyade est associée à un traumatisme (souvent après un plongeon), à une irruption brutale d’eau dans les voies respiratoires (par exemple lors d’une chute verticale dans l’eau), à une panique entraînant une inhibition émotive, à un choc allergique (à l’eau froide, aux végétaux aquatiques, …), à une épilepsie, à une apnée hyper ventilée, ou encore à un choc thermique

On observe des démangeaisons, une sensation brutale que l’eau devient froide ou glacée, des frissons, des claquements de dents, la peau rouge, des céphalées, des vertiges, des nausées, des « étoiles »

Le mécanisme est similaire. On parle d’un noyé poumons secs jusqu’à ce que le glotte s’ouvre de manière réflexe en réponse à l’hypercapnie puis d’une noyade asphyxique, par entrée d’eau dûe à la respiration ou à l’infiltration

Comment l’éviter ? Prévention de la noyade.

L’Education nationale met en place une véritable politique du savoir nager

La surveillance permanente des jeunes enfants par un adulte responsable même si le dispositif de sécurité est installé. Il faut savoir que dans 3/4 des noyades chez les 2-4 ans les parents sont à moins de 20 mètres de l’accident

La connaissance du milieu, des dangers, de la réglementation, des zones surveillées ou interdites, des conditions météo, recommandations… La connaissance de soi : ne pas prendre de risques, être à l’écoute de son corps, ne pas se surestimer, ne pas faire d’apnées maximale seul, pas de sauts ou plongeons à risques, ne pas s’éloigner du bord, éviter les repas copieux et arrosé dans un délai de 2 heures, éviter les expositions prolongées au soleil, entrer progressivement dans l’eau, être forme...

La sécurité des piscines privées : les barrières, abris, couvertures ou alarmes sont obligatoires depuis janvier 2004). Une perche semble indispensable. Retirer les jouets et l’échelle après la baignade semble diminuer les incidents

Aménager et informer des risques selon l’âge

Savoir sauver : repérer les comportements (bouchons, immobilité à plat, signaux d’alarme), alerter et intervenir si possible

Bibliographie

[1] Enquête Noyade 2012